Une inégalité professionnelle salariale qui impacte la pension de retraite des femmes en France
Tous régimes confondus, les femmes reçoivent des pensions de retraite sensiblement inférieures à celles des hommes. À fin 2021, la retraite moyenne des femmes en France n’était que de 1 178 euros brut par mois alors que les hommes recevaient 1 951 euros brut (pensions de droits directs, hors réversion). Soit une retraite moyenne des femmes en France inférieure de 40 % à celle des hommes.
L'écart entre retraites moyennes des femmes et des hommes résulte des inégalités de revenus et de carrière entre femmes et hommes :
- plus faible participation des femmes au marché́ du travail,
- recours plus important au travail à temps partiel,
- interruptions de carrière liées à la maternité,
- niveaux de rémunération plus faibles que ceux des hommes : en équivalent temps plein, les femmes sont rémunérées, en moyenne, 19 % de moins que les hommes.
Toutefois, la différence entre les pensions de retraite des femmes et des hommes diminue progressivement depuis plusieurs années : l’écart était de 50 % en 2004 (au lieu de 40 % à fin 2021). Le taux d’activité des femmes, donc la constitution d’un droit propre à la retraite, n’a cessé de progresser. Les femmes sont également de plus en plus qualifiées, ce qui réduit progressivement l’écart de rémunération avec les hommes.
Réduction de l’inégalité de retraite homme-femme : une compensation partielle
Des dispositifs sont destinés à corriger partiellement l’écart de montant de pension de retraite entre femmes et hommes, les femmes en étant les principales bénéficiaires.
Pensions de réversion
Le principal dispositif de correction est la pension de réversion. Son principe est le suivant : le conjoint survivant reçoit une partie de la pension de retraite de base et de la pension de retraite complémentaire que son conjoint décédé percevait ou aurait pu percevoir.
Les pensions de réversion ont un impact majeur pour corriger l’écart de montant de pension de retraite entre femmes et hommes puisqu'elles permettent de diminuer de 12 % les écarts de pension : ainsi, à fin 2021, les femmes touchaient 28 % de moins que les hommes, après la prise en compte des pensions de réversion, au lieu d'un écart de 40 % lorsqu’elles n'avaient droit qu'à leurs pensions directes.
Toutefois, des conditions assez strictes sont à remplir pour bénéficier d’une pension de réversion :
- la situation familiale : pour bénéficier d’une pension de réversion, il faut avoir été marié avec le titulaire principal de la pension de retraite, sans condition de durée du mariage. Les femmes qui n’ont pas été mariées avec leur conjoint décédé (car elles étaient pacsées ou vivaient en concubinage) ne peuvent pas bénéficier d’une pension de réversion ;
- l’âge de l’épouse survivante (ou ex épouse) : celle-ci doit avoir au moins 55 ans lors de sa demande de pension de réversion ;
- les ressources annuelles de l’épouse survivante (ou de son foyer si elle est remariée, pacsée ou en union libre) : ces ressources ne doivent pas dépasser certains montants (par exemple, 23 441,60 € pour une personne seule en 2023).
Pour en savoir plus, voir notre article sur la demande de pension de réversion.
Majoration de trimestres pour enfants
Les femmes peuvent être pénalisées dans le montant de leur future retraite par une interruption de carrière liée à la naissance de leurs enfants. C’est pourquoi des majorations de durée d’assurance (majoration du nombre de trimestres retraite) sont prévues pour améliorer les droits à la retraite des femmes (voir notre article sur le nombre de trimestres retraite requis pour bénéficier d’une retraite à taux plein).
Une majoration de 4 trimestres est attribuée aux mères de famille pour chacun de leurs enfants pour tenir compte des conséquences de la maternité sur leur vie professionnelle (majoration « maternité »). Par ailleurs, une majoration de 4 trimestres est accordée aux parents pour chaque enfant mineur pour son éducation (majoration « éducation »).
Pour les enfants nés avant le 1er janvier 2010, ce sont les mères qui bénéficient automatiquement d’une majoration de 8 trimestres retraite par enfant au titre à la fois de la maternité et de l’éducation (sauf cas spécifiques).
Pour les enfants nés depuis le 1er janvier 2010, afin de permettre un éventuel partage des trimestres retraite entre père et mère, les parents peuvent désigner d'un commun accord, dans le délai de 6 mois à compter du 4ème anniversaire de la naissance ou de l'adoption, le bénéficiaire de la majoration « éducation » ou, le cas échéant, définir la répartition entre eux de cet avantage (en l'absence de choix dans ce délai, les trimestres sont automatiquement accordés à la mère si le couple est de sexe différent, ou partagés par moitié entre les parents de même sexe). Avant le 1er septembre 2023, la majoration « éducation » pouvait être attribuée, au choix du couple, soit intégralement à la mère, soit intégralement au père, ou être répartie entre eux. Depuis le 1er septembre 2023, la règle d'attribution de la majoration « éducation » garantit aux femmes le bénéfice d'au moins la moitié de celle-ci. Ainsi, chaque mère de famille bénéficie désormais d'au moins 2 trimestres de majoration pour chaque enfant mineur pour son éducation.
À noter : les mères (ou les pères) ayant pris un congé parental d’éducation bénéficient d’une majoration de durée d’assurance égale à la durée du congé (par exemple, 8 trimestres retraite pour deux ans de congé parental). Mais cette majoration n’est pas cumulable, pour un même enfant, avec celles accordées au titre de la maternité et de l’éducation des enfants. En pratique, c’est la majoration la plus favorable qui est accordée. Ainsi, une mère qui a pris un congé parental de 3 ans pour élever son enfant bénéficiera de 12 trimestres retraite pour cette période (majoration plus favorable que les 8 trimestres de majoration pour enfant).
Par ailleurs, la loi portant réforme des retraites entrée en vigueur le 1er septembre 2023 a instauré un mécanisme permettant aux parents (mère de famille et père de famille) ayant validé au moins un trimestre de majoration pour enfant et justifiant d'une carrière complète de bénéficier d'une surcote « parents » spécifique au titre de l'année précédant l'âge légal de départ à la retraite (voir notre article sur la surcote mère de famille).
En conclusion, il est conseillé, notamment aux femmes, d’épargner le plus tôt possible pour se constituer une retraite complémentaire destinée à compléter leur future retraite obligatoire qui risque de s’avérer insuffisante. Pour vous aider à découvrir les solutions d’épargne retraite adaptées à vos besoins, n’hésitez pas à solliciter un expert retraite Médicis.
Source : Panorama « Les retraités et les retraites », édition 2023, Drees – Insee
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